mercredi 13 janvier 2010

Bis repetita placent ?

Il n’est certainement pas d’usage chez les gens bien élevés de se citer soi-même.
Je voudrais cependant renvoyer mes lecteurs, s’il en est, à mon billet du 23 mars 2009 intitulé « la poule aux œufs d’or ».
Il explique les raisons de la crise du disque telle que, comme disquaire, je les ai vues naître et grandir.
Pourquoi le métier de vendre des disques est-il passé aux mains de apple ?
Principalement non pas, comme ont tenté de le faire croire les petits marquis du disque, en raison du piratage mais pour les trois raisons suivantes :
1. Les majors ont délibérément sacrifié le réseau des disquaires, à leurs yeux trop coûteux et suranné.
2. Ces mêmes compagnies ont, par pusillanimité, négligé de proposer sur l’internet une offre acceptable par les amateurs de disques
3. Elles ont, enfin, construit une politique de prix méprisante, aberrante, inacceptable par les clients.

Il m’arrive de me demander, et pas qu’en me rasant le matin, si dans les métiers de l’édition nous ne vivons pas une phase qui ressemble à la phase 1 de la crise du disque. Par mégarde, par inertie, par manque d’attention à la révolution en cours les éditeurs, depuis dix ans, interdisent, en pratique, l’accès à l’internet à leur réseau de libraires.
Il n’est pas douteux que les éditeurs ont, à l’égard des libraires, de bien meilleures intentions que n’avaient les compagnies du disque à l’endroit des disquaires.
Nonobstant les intentions, bonnes ou mauvaises, les positions prises dans la vente de livres « papier » sur l’internet sont des positions prises pour la vente de livres numériques. Les libraires indépendants en sont dramatiquement absents. Le duopole amazon/fnac est en train de rafler la mise alors que les futurs entrants s’appellent google, apple…
« delenda est Carthago » demandait Caton.
« libérez vos métadonnées » messieurs les éditeurs.

1 commentaire:

  1. Le schéma décrit pour le disque est effectivement implacable et ô combien vrai.
    Le piratage n'est qu'une chimère agitée pour distraire des vrais enjeux : la concentration de l'activité aux mains de deux ou trois géants mondiaux du disque s'appuyant eux même sur deux ou trois géants mondiaux de la distribution.
    Je serais encore plus pessimiste que vous.
    On oublie trop facilement que le premier libraire de France s'appelle Leclerc. Que seule deux distributeurs (Hachette distribution et Interforum cad Editis) sont habilités à négocier le placement de livres dans les réseaux de la grande distribution, obligeant par là tous les éditeurs 'moyens' (Gallimard, Flammarion, La MArtinière Le Seuil) à passer par les premiers pour etre vendus en grande surface.
    Je pense qu'il est dans l'intérêt de Lagardère et d'interforum de favoriser la grande distribution pour accentuer leur poids dans la distribution au détriment des petits et des moyens.
    La stratégie des deux grands est donc bel et bien de négliger les libraires qui travaillent avec tous les distributeurs au profit de ceux qui ne travaillent qu'avec eux.

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